Magicien des couleurs
Prokoudine-Gorski photographiait la Russie d’avant la Révolution bolchevique de 1917 en couleur et donc… avant-même que la couleur n’existe sur papier ! Quel était son secret ?
« Voyage dans l’ancienne Russie », paru chez Albin Michel voici quelques semaines, raconte et illustre l’apport de Sergueï Prokoudine-Gorski à la photographie argentique. Entre 1900 et 1915, il réalise pour le Tsar Nicolas II, féru de photographie, des milliers de clichés sur des plaques de verre, aux quatre coins de l’Empire. L’ouvrage en présente 180. Des photos tout en couleur alors que le tirage couleur n’avait pas encore été inventé !
Dès 1902, Prokoudine-Gorski a mené une série d’expériences sur la photographie couleur. Pour cela, il avait conçu un appareil qui prenait en moins de trois secondes trois images, sur des plaques, en noir et blanc, avec trois filtres différents : bleu, vert et rouge. Par la suite, il projetait ces trois photos superposées, à l’aide de projecteurs dotés de filtres eux aussi, ce qui lui permettait de restituer les couleurs d’origine des scènes photographiées. Le résultat est surprenant même si la qualité était de faible résolution : l’image additive était transformée en image soustractive.
La première démonstration de ce « tour de magie » fut menée à Moscou lors d’une exposition de 70 plaques devant une assemblée de professionnels et de scientifiques. Sergueï Prokoudine-Gorski sera récompensé en 1906 à Anvers lors de l’Exposition Universelle pour son travail.
Une exposition de ses œuvres se tient jusqu’au 14 avril 2014 à Paris. La commissaire de l’exposition n’est autre que l’auteur de l’ouvrage, Véronique Koehler. Cette dernière évoque « la magie d’images abolissant le temps qui, à un siècle de distance, par la grâce de leurs couleurs, font se conjuguer le passé au présent. »
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Auteur : Coupatez Philippe